À l'occasion de mon travail de fin de master, j'ai conçu et dirigé un projet de recherche novateur à l'Océanografic de Valencia. Sous la supervision de mon tuteur et en collaboration avec le staff de l'Oceanografic, j'ai exploré la faisabilité d'utiliser un test de biais cognitif pour évaluer le bien-être de manchots papous vivant en captivité. 

Les biais cognitifs sont des tendances systématiques qui affectent la façon dont nous traitons l'information, influençant la perception, la mémoire, la prise de décision, et d'autres processus cognitifs. Parmi ces biais, l'orientation optimiste ou pessimiste face à une situation inconnue (un stimulus ambigu) varie d'un individu à l'autre, influençant ainsi leur réaction. Cette diversité de réponses cognitives se retrouve également chez les animaux, et des découvertes scientifiques indiquent que les réponses comportementales d'animaux face à des stimuli ambigus peuvent refléter leur état émotionnel, fournissant ainsi des indices pour interpréter leur niveau de bien-être.

Ainsi, lorsqu'un animal réagit à un stimulus ambigu de manière positive, cela pourrait indiquer une perception optimiste de l'environnement et suggérer un état émotionnel positif. À l'inverse, une réaction négative pourrait indiquer une perception pessimiste et suggérer un état émotionnel négatif. Quand à un changement dans la réaction d'un animal face au même stimulus ambigu, cela pourrait signaler un changement dans l'état émotionnel de cet animal.

Dans cette étude, les manchots étaient confrontés à des emplacements ambigus, associés à la possibilité d'une récompense alimentaire ou à l'absence de récompense. Les réponses comportementales des manchots face à chaque emplacement ambigu étaient mesurées en chronométrant le temps mis par un participant pour se déplacer de la porte d'entrée du test jusqu'à l'emplacement concerné.

Malgré la montée en popularité des tests de biais cognitif pour évaluer le bien-être des animaux de compagnie, de laboratoire et d'élevage, on observe une pénurie significative de recherches dédiées à leur adaptation aux animaux de zoo. Actuellement en cours de réécriture pour publication dans une revue scientifique, ce projet représente un jalon important dans la promotion de méthodes non invasives pour évaluer le bien-être animal chez les espèces sauvages en captivité.